
Si ça n’avait pas été pour la musique, les chemins de Marijn van der Meer et Jorrit Kleijnen ne se seraient probablement jamais croisés… Depuis plus de 6 ans, les deux musiciens néerlandais forment le duo HAEVN. Énigmatique contraction de « Heaven » (le paradis) et « Haven » (le refuge, l’abri, le port), le nom du groupe porte en lui toute la richesse et le paradoxe de sa musique. Teinté de la légèreté de l’au-delà et en même temps, de toute la chaleur du chez-soi, le son de HAEVN est un champ de textures enivrantes. La Ritournelle vous fait les présentations.
UN HEUREUX HASARD
La rencontre entre les deux musiciens est des plus fortuites. En 2014, Jorrit Kleijnen – compositeur de bandes originales – se voit confier une mission pour une publicité. À sa proposition musicale,
les commanditaires répondent que le morceau est superbe mais qu’il devrait être une chanson pop.
D’abord sceptique, car il n’écrit pas de paroles et que le monde de la chanson lui est étranger, Jorrit Kleijnen se laisse convaincre d’être mis en contact avec une personne qui puisse assurer ces missions : en l’occurence, Marijn van der Meer, alors ancien publicitaire et parolier à ses heures perdues.
En quelques heures, Marijn pose des mots sur la musique… que Jorrit adore instantanément.
« Nous avons fait tout cela seulement par intuition, chacun de notre côté, sans se connaître. […]
On était juste vraiment charmés par l’influence que l’on exerçait l’un sur l’autre. Parce-que Marijn était au début un musicien presque cliché – si je peux me permettre – : l’auteur-compositeur
à la guitare par excellence. Et j’étais moi-même le cliché du compositeur de cinéma, qui travaille avec des
orchestres mais jamais avec des voix. Ça a été comme une réaction chimique »
Deux protagonistes bien différents qui se trouvent en fait, très complémentaires. Si de Marijn transparaît une élégance hypnotique et une délicate retenue, Jorrit transmet lui une grande douceur et générosité. Leur musique est vectrice d’une multitude de sentiments, la texture et la chaleur des arrangements de Jorrit contrebalançant la voix aérienne et envoûtante de Marijn.
En 2015, ils dévoilent les premiers résultats de leur collaboration. Leurs deux premiers titres témoignent de la recherche de cette équilibre entre ambiance cinématographique et son pop. L’enchanteur « Where The Heart Is » est une ode à la rêverie et à l’espoir. Une tension dramatique croit durant tout le morceau, lui donnant des airs de bandes originales de film. « Finding Out More », lui, tend vers le registre de l’électro-pop.
HAEVN prêtent bientôt ses morceaux aux publicités de Volvo et BMW. S’en suit une notorité inattendue. Ce succès scelle leur collaboration pour les années suivantes, avec un point d’honneur : se donner le temps. Tant pi pour le tremplin immédiat que représentait cette exposition médiatique ou pour la vitesse effrénée qu’impose l’industrie musicale. Il s’agit de prendre le temps de se connaître, d’écrire, de composer, d’arranger, prendre le temps qu’une chanson, qu’un album soit véritablement prêt à être livré au monde.
En 2016, ils proposent « Bright Lights », qui assoient complètement leur ambition pop. Catchy et optimiste, le titre pointe la lumière au bout du tunnel à quiconque vivrait une période éprouvante : « Bright, bright lights, bright lights to guide me home »
L’année suivante, ce sera « Fortitude », une envolée épique qui fait dérouler devant vos yeux une multitude d’images. Et ce côté cinématographique, les producteurs de la série « Riverdale » l’ont bien decelé, utilisant « Fortitude » en bande son de la saison 2.
UN BRILLANT PREMIER ALBUM
Le coup de foudre musical entre nos deux protagonistes finit par trouver une expression commune dans les 14 titres de « Eyes Closed », leur premier album sorti en Mai 2018. Un bijou de pop éthérée, qui s’écoute d’une traite.
De « Back In The Water » à « The Sea » en passant par « We Are » et « City Lights », c’est une ambiance immersive qui file tout le long de l’opus. HAEVN nous balade avec douceur, entre différents sentiments (de l’espoir à la nostalgie) et différents paysages (des étendues marines au cœurs de centres-villes).Ces mouvements de l’esprit n’empêchent pas ceux du corps. L’album renferme des morceaux plus ardents, qui nous arrachent quelques sérieuses ondulations. Le fiévreux « Love Is A Game », par exemple, apporte une touche d’irrévérence et de sensualité bienvenue. « Hold On » est quant à lui un appel à la patience et à la ténacité, sur une mélodie particulièrement entraînante. Un de nos coups de coeur !
« Eyes Closed » est un voyage des sens, qui invite à l’introspection. Toute la magie d’HAEVN, c’est de nous pousser délicatement sur des thématiques et réflexions universelles et nous laisser faire le reste du chemin dans nos têtes…
En interview,, ils confient :
« L’album est appelé « Eyes Closed » parce-que nous voulons aussi que les auditeurs se forgent leurs propres images sur la musique. C’est pas comme si on imposait « cette chanson parle de ceci ou de cela », au contraire, les paroles ne sont pas toujours très claires. On aime laisser libre court à l’interprétation de chacun. […]
Si nos chansons peuvent aider quelqu’un à ressentir quelque chose, quoi que ce soit, alors c’est le meilleur des accomplissements. On ne veut pas arbitrer des sentiments des gens. »
Cette main tendue vers le public a trouvé son incarnation ultime dans un projet vidéo lié à l’album. Le micro a été tendue à des personnes d’horizon différent pour qu’elles racontent, face caméra, une histoire personnelle que lui aurait inspiré la musique d’Haevn. Autant de témoignages que de chansons, à retrouver sur leur chaîne Youtube. Et une énième preuve du caractère inclusif et profondément humaniste du projet HAEVN.
2021, LA SUITE DU VOYAGE
Après deux ans de travail, Marijn van der Meer et Jorrit Kleijnen esquissent enfin la suite de leur chemin.
Ils dévoilent, il y a quelques semaines, le single « Throw me a line », leur plus long à ce jour. Un texte écrit en une journée, mais qui a nécessité plusieurs mois pour trouver sa bonne instrumentation. 5 min 15 d’une mélodie discrète qui s’envole à la force des cordes du Galaxy Symphonic Orchestra.
« Nous avons écrit ‘Throw me Line’ à un moment où nous sommes devenus fascinés par le dilemme entre un désir pour l’inconnu et les choses stables et sécurisantes de la vie. Parfois, tu doit abandonner l’un pour accéder à l’autre. Tout le monde connaît ce sentiment. « La vie commence au-delà de ta zone de confort » mais, que se passe-t-il si il y a trop de choses à abandonner ?
Heureusement, cette pandémie nous a aussi réappris à prendre le temps. Pour réapprendre à regarder avec attention les petites choses de la vie qui peuvent apporter la plus grande joie. »
« Throw me a line » hérite directement du magnifique projet « Symphonic Tales », dans lequel HAEVN a mené une réinterprétation orchestrale des chansons de son premier album, au côté d’un ensemble à cordes de 50 musiciens.
L’artwork du single, créé par Jefferton James Design (https://www.instagram.com/jeffertonjamesdesigns/),
est encore de ces images qui suggèrent mille sentiments et active l’imagination, plus qu’elles n’imposent un récit unique.
Au regard de leurs carrières respectives, les deux membres sont ainsi très attentifs à l’univers graphique développé autour de leur projet. C’est pourquoi – lorsque les images ne sont pas carrément déclencheuses du processus de création – elles sont au moins rigoureusement pensées.
« Comme pour la musique, on essaie toujours de viser les frissons, ceux que l’on a ressenti la
première fois que l’on a collaboré tous les deux. Si un nouveau morceau ou visuel ne nous
transmet pas l’émotion de nos débuts, alors on ne poursuit pas ! »
Jusqu’ici les frissons sont au rendez-vous, et on gage que ce ne seront pas les derniers que nous procurera le duo.
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sous la plume de Coraline, le 16 février 2021.